Je dois essayer de vous montrer cela :
Il y a un enfant,
Je crois qu'il a peut-être quatre mois
Le docteur dit « Non, il a deux ans ! »
Il est accroupi sur de la boue séchée,
Un bout de coton poussiéreux
En lambeaux, pend de l'une de ses épaules
Jusqu'à son estomac distendu.
Sa tête est énorme,
Un visage de deux ans sur un corps de quatre mois !
Sa mère est aussi accroupie,
Derrière et légèrement sur sa gauche,
Elle est faible, elle s'écroule complètement,
J'en remarque des centaines en train de s'écrouler,
Je regarde un enfant mourir dans le silence le plus profond
Et entouré par sa famille.
Parfois, il chie même son estomac.
Je suis fatigué de douleur et de désespoir
Et d'une rage dévorante contre l'humanité.
Il meurt vite, il meurt tout simplement la belle affaire.
Un fatras d'os et de peau sèche,
Des yeux humides, des mouches et de la merde.
Sa mère ne s'en est pas rendu compte,
Elle est trop faible.
Les vivants sont couchés à côté des morts
Sur la terre ou sur du ciment,
N'importe comment.
La famine n'est pas courtoise,
Il n'y a pas de beauté si ce n'est dans les visage,
Pas de dignité si ce n'est dans les regards,
Pas de noblesse si ce n'est dans le maintien,
Pas d'intimité hors de l'esprit.
Il y a peu d'émotion, mais parfois le cur explose
Et alors le bruit de la famine est silence
Et désespoir hurlant à l'infini.
À cet endroit que les hommes ont abandonné
L'humanité survit quand même.
Une poignée de grains chacun,
Il n'y a pas d'eau pour cuire et faire une sorte de bouillie,
Ou il y a de l'eau mais pas de pétrole pour la faire bouillir,
Ou il n'y a ni pétrole, ni eau, seulement le grain,
Le manger, c'est comme manger des lames de rasoir,
Il déchire les parois de l'estomac en lambeaux,
Puis il passe au travers du corps
Emportant vos entrailles avec lui,
Indigeste et inutile.
Ou vous quittez vos villages mourants avec vos enfants affamés
Et vous marchez.
Vous avez entendu dire qu'il y a à manger quelque part,
Par instinct et par désespoir, vous arrivez au camp,
Deux semaines, un mois plus tard,
Avec un enfant, l'autre est mort quelque part dans le désert.
Vous attendez, affaiblit et sans force le moment d'être nourri.
Vous n'êtes cependant pas assez faible pour ne pas vous assurez
Que votre enfant soit nourri en premier, vous mourrez vite !
Votre enfants rejoints les queues sans fin d'orphelins qui attendent de la nourriture.
Vous lui avez donné de trente à soixante dix pour cent de chance de vivre.
Ou vous survivez,
Après deux mois, vous devez quitter le camp.
Il n'y a nulle part ou aller,
Ni nourriture, ni eau.
Vous errez dans le désert pendant un mois ou deux,
Bientôt, vous retournez au camp, presque mort
Et tout recommence.
Ou il y a un mur à hauteur de la taille,
D'un côté, près de dix mille personnes mourant de faim,
De l'autre une jeune infirmière au visage frais,
Elle a trois cent boîtes de beurre fondu à distribuer.
Qui va t'elle choisir ?
Vous tenez votre enfant à bout de bras en priant
Qu'il puisse au moins survivre à l'holocauste.
Qui va t'elle choisir ?
Sans regarder, elle pointe son doigt trois cent fois.
Vous avez été choisi, fatigué et ne ressentant que de la honte,
Vous vous traînez de l'autre côté du mur
Et vous vous asseyez en tournant le dos
Au neuf mille sept cents choisis pour mourir.
Vous ne pouvez les regarder en face.
Vous avalez votre ration et essayez de la digérer.
Vous n'avez pas été choisi,
Vous ne ressentez que de la honte et un vide incommensurable.
Aucune plainte, mais un profond sentiment d'échec
De n'avoir même pas pu sauver la vie de vos enfants.
Les enfants qui d'épuisement laissent tomber
Leur têtes démesurées contre le mur en ruine.
Il n'y a pas d'émeutes,
Il n'y a pas de supplications,
Seulement la honte,
Honte partagée par ceux qui ont été choisis,
Ceux qui ne l'ont pas été et par celui qui a choisi.
La honte est notre.
Une honte si violente qu'elle devrait nous brûler
Comme le soleil brûle ce désert.
Toutes ces choses, je les ai vues.
La honte !
La honte !
La honte !
Transcripteur : SLeK |
Cette chanson est magnifique et poignante… J'en ai les larmes aux yeux.
C'est peut-être poignant mais les Y en a marre ! Ah ! Ouh ! Blablablah ! en fond sont particulièrement ineptes (et réjouissants).
D'ailleurs les Y'en a marre … proviennent d'ici !
Richard Berry est un acteur merveilleux au cœur énorme mais ce fond musical est particulièrement indigeste.
Moi je trouve qu'au contraire le fond musical apporte "un plus".
La honte dans toute son horreur. Recit horrible et helas vrai. La honte de ceux qui "trient" ceux qui recevront les soins des autres, j'ai des amies qui en font encore des cauchemards. Cependant ce texte peche par un tres grave manque. La famine n'est pas vue dans son caractere politique. Il n'y a pas de "responsable", pas de denonciation de situation de conflits, des dictateurs locaux. De l'humanitaire certes, mais pas de traitement de fond sur les raisons des famines.
L'inde ne connait plus de reeles famines depuis qu'elle est une democratie.
Un texte exceptionnel. Le fond est malheureusement assez bidesque, mais ça reste marquant. Richard Berry est en effet un narrateur convainquant, pas trop grandiloquent et un peu "sinistre" ce qui convient au texte, il me semble… O_O
La vache, qu'est-ce que c'est gore (mais c'est vrai, hélas).
quand berry se prend pour jean francois maurice, ca donne ça! :D
C'est vrai que ça prend les tripes, ce truc. Brrr !
Les chœurs de la fin ont été empruntés à Dschinghis Khan (hu ha hu ha) . Hum .
Houla, cette déclamation.. le rapport de légiste sur une musique type générique de Dorothée, difficile de se concentrer sur le sujet de la "chanson" tellement le cerveau est attaqué par les oreilles ^^ pas sûr que ça ait beaucoup servi la cause.
C'est insupportable ces chansons à message par des mecs qui y croient.
Le jour ou il a enregistré ça, le soir il dormait en pêtant dans des draps satinés… alors bon… bidesque ouais!
Comment le gosse peut-il avoir "les parois de l'estomac déchiré en lambeaux" par "le grain", alors qu'il vient de le "chier" quelques phrases avant, son estomac?
la pire des chansons ah oui la pire de toutes, scatto à mort, je ne sais pas si ACTION ECOLE a récolté beaucoup de pognon avec ça mais question communication c'est à gerber, après on lit des conneries comme quoi Berri est un acteur généreux etc etc…faut arrêter c'est nul nul a chier puisqu'on y est
J'ai vu ce texte dans un livre évoquant le concert LiveAid pour l'Ethiopie en 1985, c'était la préface si je me souviens bien rédigée par Bob Geldof, à l'origine de ce concert, il parlait des horreurs qu'il avait vues quand le peuple faisait face à la famine.
Triste mais malheureusement une histoire vraie.
heureusement tout le monde a oublié cette lamentable saillie grotesque
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